Discours d’Yvette BENAYOUN-NAKACHE

Conseillère Régionale de Midi-Pyrénées, Conseillère Municipale de Toulouse, représentant le Président du Conseil Régional Midi-Pyrénées, Monsieur Martin MALVY

Mesdames, Messieurs,

Tout ce qui contribue au Devoir de Mémoire, sauve l’homme.

Par cette cérémonie officielle aujourd’hui, nous rendons hommage aux 100.000 Déportés et Internés homosexuels européens, à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui ont souffert dans leur chair, dans leur âme parce qu’ils étaient différents.
Tout comme les Tsiganes, les Arméniens, les Francs-maçons, les communistes, les Juifs, ils ont subi les pires tortures, les pires humiliations de l’homme sur l’homme. Pierre SEEL était l’un d’entre-eux.

Je l’ai personnellement connu le soir du 14 juillet 1999, où il était l’invité principal d’un dîner organisé dans un restaurant du quartier Croix de Pierre par nombre de ses amis.
C’est ce soir là que j’ai découvert sa personnalité et son histoire, sensibilisée moi-même à cette époque car appartenant à une famille ayant subi les mêmes atrocités.

Lorsque j’ai appris son décès, j’étais loin de Toulouse et je n’ai pas pu lui rendre hommage à ce moment là. Je peux le faire aujourd’hui et je vous remercie de me le permettre.

Pierre SEEL m’avait dédicacé son livre : « Moi, Pierre Seel Déporté Homosexuel » publié en 1994. Depuis, il ne m’a jamais quitté.
En 2001, j’ai su sa fierté d’être reçu officiellement à Paris, pour la journée nationale du souvenir des victimes de la barbarie nazi et de la Déportation.

A cette occasion, le gouvernement de Lionel JOSPIN avait reconnu leur martyre enduré.
Il disait qu’il avait attendu 60 ans pour recevoir cet honneur.
Il disait également qu’il n’aimait, ni le mot victoire, ni le mot combat, mais qu’il aimait le mot DEVOIR et qu’il avait le sentiment de l’avoir accompli en tant que Dernier Témoin de ce qu’il a appelé « cette saloperie » de l’histoire.
Ce n’était pas courageux de se taire. J’ai parlé ajoutait-il.
Reposez en paix Monsieur SEEL, vous cette petite personne si fragile mais si grande par votre courageux témoignage.