Centenaire de la naissance de Rudolf Brazda (1913-2011)

Hommages nationaux en Allemagne et en France pour le dernier des Triangles roses.

Le 26 juin 2013, Rudolf BRAZDA, aurait fêté ses 100 ans. Né à Brossen (Allemagne) de parents tchèques, condamné par deux fois au titre du paragraphe 175 réprimant l'homosexualité, il fut déporté au camp de concentration de Buchenwald où il passa 32 mois jusqu'à la libération. Établi en France dès mai 1945, naturalisé en 1960, il était devenu le dernier survivant des hommes des déportés homosexuels marqués du triangle rose. Témoin tardif mais néanmoins engagé, il avait été fait Chevalier de la Légion d'honneur quelques mois seulement avant son décès le 3 août 2011. [Biographie]

En coopération avec la Fondation fédérale Magnus Hirschfeld, l'état libre de Thuringe, sur le territoire duquel se trouvent le village de Brossen ainsi le camp de concentration de Buchenwald, a choisi d'honorer sa mémoire et celle de toutes les victimes du paragraphe 175 durant la période nazie qui avait vu le durcissement de cette législation. Près d'un millier d'invités d'Allemagne, et de toute l'Europe, sont attendus lors de cette manifestation officielle qui se tiendra ce dimanche 23 juin à 17 heures, au Théâtre national allemand de Weimar. Cette cérémonie, placée sous le patronage du Comité international de Buchenwald, verra le directeur du mémorial, la ministre-présidente du Land de Thuringe ainsi que la ministre fédérale de la Justice prendre la parole. C'est la première fois qu'un état allemand rend hommage de la sorte aux déportés pour homosexualité.

Plus tôt dans l'après-midi, une cérémonie - à laquelle notre association sera représentée - aura lieu au mémorial de Buchenwald, à quelque kilomètres de là.

À noter qu'en Allemagne où les couples de même sexe peuvent s'engager par le biais d'un partenariat enregistré depuis 2001, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe vient récemment d'obliger le gouvernement à légiférer pour aligner la fiscalité de ces couples sur celle des couples mariés, et ce avec effet rétroactif.

La cérémonie de dimanche, quant à elle, intervient alors que le Bundestag, le Parlement allemand, procède à des auditions en vue de la reconnaissance, voire l'indemnisation, pour les hommes condamnés au titre du paragraphe 175 dans sa version nazie, restée en vigueur jusqu'en 1969 en Allemagne de l'ouest et jusqu'en 1968 en RDA pour les cas aggravés.

Plus d'explications sur les évolutions légales en France et en Allemagne.

Côté français, un hommage - initié par notre association dont Rudolf était membre - aura lieu à Paris (Place de l'Étoile) ce 26 juin, jour du centenaire, avec le ravivage de la flamme sous l'Arc de Triomphe.

Lors de cette cérémonie, c'est également toutes les victimes de la déportation homosexuelle qui seront honorées par la pose d'une gerbe triangulaire rose. Le Chœur Melo'men assurera une contribution musicale avec notamment le "Chant des Marais".

Plusieurs personnalités publiques, institutionnelles et du monde de la Mémoire ont déjà répondu à notre invitation et seront à nos côtés lors de cette cérémonie.

À quelques jours seulement de la Marche des Fiertés, nous invitons nos membres et toutes les personnes sympathisantes à nous rejoindre pour cette occasion unique de rendre hommage aux déportés pour motif homosexualité. Carton d'invitation.

Rudolf Brazda devant l'Orangerie de Meuselwitz (Thuringe), très probablement en 1937, peu avant son expulsion par les autorités de l'Allemagne nazie. ã Jean-Luc SCHWAB